On l’avait prédit. Et c’était prévisible. D’ailleurs, aussi
loin qu’il m’en souvienne tous les ramadans, il faut bien voir des bagarres,
des coups de gueules, des colères noires et le côté sombre, bine dosé des
Marocains. Dans une chronique, avant le ramadan, intitulée Aie ça sent le
ramadan ! j’ai décrit les préparatifs de certains à passer à une vitesse
supérieure durant ce mois de sacralité avec de sacrées injures et autres
amabilités civiques. Certains commentaires que j’ai eu sur le site
d’Aujourd’hui le Maroc versaient dans de fausses vérités. Certains autres
commentaires ont été, franchement, pas sympathiques du tout. Mais c’est le but
de la manœuvre. Je n’écris pas pour le consensus, mais pour avoir un débat.
Quoi qu’il en soit, ramadan est bien là depuis trois jours. Et déjà, j’ai
compté en chemin, près du travail et hier devant la pâtisserie exactement 17
querelles. Oui, je les compte, parce que je me suis dit, à moi tout seul, je
vais voir à combien de rixes je vais assister. Je tiens des notes et je
m’assure de ne rien rater. Imaginez combien de querelles par jour ?
Combien de coups et blessures ? Combien d’insultes et d’injures copieuses
alors que tout le monde crève la dalle ? Il suffit d’un tour, n’importe où, à n’importe
quelle heure entre 9 heures du matin et 19heures 46 pour voir toute l’étendue
de l’art marocain d’être en rogne, d’en vouloir à tous et de vouloir en
découdre avec le premier venu. Au réveil, on est de mauvais poil et on veut
donner des coups. Ramadan, ce n’est pas un mois de pugilat, tout de même !
A croire que c’est un conditionnement. Il faut être de mauvais poil. Il faut
avoir mauvaise mine. Il faut le faire savoir aux autres. Il faut que ça hurle.
Il faut que ça crie dans tous les sens et pour
des broutilles. « Dieu, je jeûne, il faut bien que je sois en
colère ! » Amen.
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