La visite du roi Felipe VI au
Maroc traduit la place qu’occupe le royaume dans la politique étrangère
espagnole. Première visite à l’étranger du nouveau souverain espagnol en dehors
de l’Union Européenne, cette rencontre de deux jours avec Sa Majesté le Roi
Mohammed VI survient à un moment clef pour les deux pays. D’un côté, l’Espagne
a besoin de consolider ses alliances en dehors de l’UE. Dans cette équation, le Maroc est le deuxième
client le plus important de l'Espagne hors Union Européenne, juste derrière les
Etats-Unis. Cela nous donne une idée sur le poids des échanges entre les deux
pays. Cela équivaut à balance de 5,508 milliards d'euros de valeur des exportations
espagnoles vers le Maroc en 2013. A ce niveau d’excellence, Rabat demeure
incontournable pour Madrid. Si l’économie tient le haut du pavé de cette visite
du Roi Felipe VI au Maroc, c’est que les temps sont toujours durs pour
l’Espagne. Une crise économique et financière graves. Un taux de chômage qui a atteint plus de 26 %
et l’explosion des bulles liées à l’immobilier et les services avec des sérieux
problèmes au niveau du secteur bancaire. Evidemment cela a eu in gros impact
sur la communauté marocaine résidant sur le sol espagnol. On s’en souvient, il
y a même eu toute une vague de retour de Marocains, qui ont trouvé le moyen de
rebondir économiquement chez eux. Plus que cela, l’Espagne a trouvé dans l’économie marocaine une soupape de
secours non seulement pour absorber le retour des MRE, mais aussi toute une
frange de la main d’oeuvre espagnole qui
a trouvé des emplois dans les villes marocaines. A Tanger, Tétouan, Rabat, Fès,
Marrakech et Casablanca, ce sont pas moins de 5000 Espagnols, qui ont fui la
crise et se sont refait une santé au Maroc. Mais au-delà des fondamentaux
économiques, il y a le volet politique qui est important entre les deux
capitales. Le Maroc est un allié puissant dans la lutte contre le terrorisme.
Ce volet sécuritaire qui a atteint un tel degré d’excellence qu’aujourd’hui
entre les deux pays, c’est une concertation continue pour faire face à un
danger commun. Les deux pays ont payé un lourd tribut à la barbarie des
extrémistes. Cette douleur commune a été mise à profit pour consolider les
liens, créer des ponts pour l’information et la documentation et traquer de
concert toutes les formes de terrorisme. Cela passe par une coordination et une
collaboration entre les polices marocaine et espagnole ainsi qu‘au niveau des services
qui abattent un travail monstre pour devancer les terroristes et a faire
avorter leurs plans. Idem en ce qui se réfère à la lutte contre l’immigration
clandestine. Le Maroc multiplie les actions pour mettre un frein aux flux humains
venus du sud, dans une logique qui obéit au respect des droits de
l’homme. Ce travail fait en amont au niveau des frontières marocaines est capital non seulement pour Madrid, mais
aussi pour l’ensemble de l’Union Européenne qui mise gros sur l’efficacité
marocaine à ce niveau. L’autre point clef des discussions entre Rabat et Madrid
demeure la question du Sahara. L’Espagne soutient la proposition marocaine.
Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol a été clair à ce propos. Pour
Madrid c’est l’unique solution logique, rationnelle et viable pour mettre un
terme à un conflit qui a assez duré.
C’est uniquement ce point qui aurait pu continuer à peser dans la
balance des relations entre les deux royaumes. Mais, la voix de la raison a
fini par l’emporter en Espagne, où malgré tout, de nombreuses ONG et des voix
politiques continuent de soutenir le Polisario.
Reste
l’histoire commune et les héritages entre les deux nations. Aujourd’hui, de
part et d’autre du Détroit de Gibraltar, on est conscient que ce poids
historique est un gage de réussite pour les deux pays. Il faut capitaliser sur
ce qui unit et rassemble les deux peuples. Entre l’Andalousie et le Maroc, ce
sont des traditions séculaires, toujours aussi présentes dans l’imaginaire
collectif des deux pays. Elles nourrissent des projets communs entre Espagnols
et Marocains dans une démarche de partage pour que ce creuset culturel commun
serve de base mobile à un meilleur essor humain. C’est la volonté des deux
souverains, Sa Majesté Mohammed VI et le Roi Felipe VI. Le désir de deux rois
jeunes, au plus près de leurs peuples, d’écrire une nouvelle page d’histoire.
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