Fatima Mazmouz est un grand nom de la photographie marocaine. Artiste
reconnue mondialement, elle expose jusqu’au 27 mai 2014 ses derniers travaux
intitulés, Super Oum, part one. En clair, Fatima Mazmouz se met en scène. Là,
en l’occurrence, elle se prend en photo, enceinte, et pose des questions sur
l’identité, le brassage des cultures, la richesse civilisationnelle marocaine
en relation avec des héritages venus d’autres pays et d’autres horizons. L’acte
suprême d’enfanter est ici mis en abyme. Il ne s’agit pas d’une énième
représentation du corps et de la maternité. Loin de là. Chez Fatima Mazmouz,
c’est une série de questionnements qui affleurent. Qui sommes-nous ?
Qu’est-ce que la naissance ? Quelle identité donner au nouveau-né ?
Quelle est la place de la femme dans la société ? Quelle lecture ethnologique et politique
faire de la femme et de son rôle social
comme assise de la famille ?
Fatima Mazmouz revient à des archétypes de
l’expression artistique. Ces facettes de son corps portant la vie à venir, sont une promesse de
futur. Mais cette promesse se nourrit du passé. Elle se saisit aussi de
différentes références humaines. Fatima se donne à voir en mère déesse
indienne. Elle est catcheuse aux prises avec le temps et la vie. C’est un
modèle moderne très sophistiqué. Elle est plusieurs femmes à la fois. Elle met
en lumière plusieurs référentiels humains qui en disent long sur les origines
et leurs sinuosités historiques. C’est cela le propos de Fatima Mazmouz :
dépasser le premier degré. Creuser des voies de lecture pour approcher la
culture marocaine dans sa multidimension. Ici la grossesse se lit aussi comme
position économique et politique. Enfanter c’est créer un élément
supplémentaire qui devient lui-même productif. Donner la vie, c’est ouvrir le
champ des possibles. Super Oum, ou super maman, c’est le retour amont vers une
source unique, celle du don et du partage. C’est ce qui caractérise ce travail
si généreux, si interrogatif, qui va au-delà de ce qui est dit, pour révéler
des pans cachées du rôle de chacun de nous dans l’élaboration d’un projet de
vie dans la société.
Jusqu'au 27 mai 2014, à la Galerie FJ, 4 rue de la Réunion, Casablanca.
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