Abdelhak Najib: Vous avez
reçu, le 12 mai 2014, vos insignes de Chevalier de l’ordre de la Légion
d’Honneur en France, quel est votre sentiment ?
Faouzi Skali : Comme vous pouvez l’imaginez, je suis à la
fois extrêmement touché et fier de cette distinction. La cérémonie était
grandiose, au sein du Sénat français, parmi de grandes personnalités politiques
et artistiques qui à travers ma personne ont témoigné leur hommage au Maroc.
Finalement,
c’est là une distinction pour un Marocain, qui survient à un moment où l’on dit
les relations entre Rabat et Paris, un peu refroidies ?
Contrairement à ce que l’on peut penser, les relations entre le
Maroc et la France sont excellentes. Il
y a certes des passages à vide, mais nos rapports sont profonds et très
complexes. Ils sont historiques et dépassent les contingences parfois dictées
par des actualités très passagères. Je l’ai bien vécu au Sénat avec les amis du
Maroc qui sont très nombreux qui ont salué la place qu’occupe le royaume dans
la politique internationale, son rôle de leader régional, ses politiques de
réformes sociales et culturelles, tout ce travail de fonds qui place le Maroc
dans le concert des nations influentes et respectées dans le monde.
Vous avez
insisté à Paris sur le grand rôle joué par
Sa Majesté Mohammed VI dans ce dialogue
des cultures.
Absolument. C'est pour cela que je voudrais avant et après tout
rendre l'hommage qui m'est fait aujourd'hui au Roi du Maroc qui incarne plus
que jamais ce combat vital pour la coexistence harmonieuse des cultures, à mon
pays, à cette amitié si subtile et si profonde faite de mille liens visibles
et invisibles entre nos deux pays, la France et le Maroc, qui a encore tant de
choses à nous dire et à nous enseigner.
Comment les
politiciens et les intellectuels
français perçoivent le Maroc aujourd’hui ?
Comme je vous l’ai dit, saluer le parcours d’un homme, qui a
dédié sa vie aux valeurs témoigne de la
belle image que donne le Maroc justement sur le plan des principes humains, de
la paix, de la Tolérance, de l’ouverture vers les autres cultures. Je suis convaincu
que tout cela n'a été possible que parce que mon pays le Maroc porte ces
valeurs que je ne faisais que redécouvrir à une échelle personnelle faisant du
soufisme et de ses valeurs toute ma vie. L’aspiration du royaume, depuis des siècles a été de
chercher à réinventer l'Andalousie, au-delà des géographies, comme un
état de culture, un état d'esprit.
C'est ce que vous
entendez par l'Esprit de Fès ?
C'est ce qui transparaît dans le préambule de la dernière Constitution
du Maroc avec ce passage qui résume qui
nous sommes en tant que Marocain et qui fait notre exemplarité, notre exception
aussi. La nouvelle Constitution dit
clairement que l'unité du Maroc est " forgée par la convergence de
ses composantes arabo- islamique Amazighe et Saharo-Hassanie, s'est nourrie et
enrichie de ses affluents africains, andalou, hébraïque et méditerranéen. La
prééminence accordée à la religion musulmane dans ce référentiel national va de
pair avec l'attachement du peuple Marocain aux valeurs d'ouverture, de modération,
de tolérance et de dialogue pour la compréhension mutuelle entre toutes les
cultures et les civilisations du monde. ». C’est cela le Maroc. C’est
aussi de cette manière que les autres nations nous voient.
Parlez-nous
de la place qu’occupe la figure de Sidi Hamza al Kadiri dans votre vie ?
Sidi Hamza al Kadiri est de ceux qui nous font boire à la source
limpide d'une spiritualité qui va au-delà des mots vers l'expérience vécue, les
saveurs et la transformation de soi. Celle pour laquelle l'universalité n'est
pas une expression abstraite mais une conscience intime, un état d'être.
«Je professe la religion de l'amour disait Ibn Arabî, en quelque
direction que se tournent ses montures l'amour est ma religion et ma foi.»
L’humanité est amour, c’est cela aussi la voie du soufisme.
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