Ne me dites pas que c’est juste un hasard de calendrier
cette succession de folies qui frappent le Maroc et les Marocains de tous
poils. Much Loved et ses conséquences à la fois humaines, dogmatiques,
religieuses, judiciaires. L’arrière-train de Jennifer Lopez et ses fatwas.
Mawazine et ses fantasmes nourris de rumeurs débiles. Des scènes de vindicte
publique dans les rues pour le jeûne et les libertés individuelles. Des
manifestants en banderoles noires, avec de l’écriture en blanc, qui dit non aux
bikinis, même portés par des touristes dans les plages marocaines… et ce n’est
que la partie émergé d’un gros Iceberg dont en mesureras dans les semaines et
les mois à venir toute la hauteur et l’étendue. Si je suis le raisonnement de mon ami Chauffeur
de Taxi, avec qui j’aurai passé une belle année en discussions vaines, riches,
passionnées, oiseuses, parfois inutiles, mais elles sont toutes eu le mérite de
nous faire passer du temps. Pendant le ramadan, le temps est l’ennemi à
abattre, alors pour le passer encore une discussion sur les soubassements de ce
qui se trame dans d’autres sphères alors que le Marocain lambda, vous et moi,
on n’y voit que du feu. Je vous le jure, les amis, c’est en substance ce que
dit la Taxi Driver. « Vous croyez vraiment au hasard ? J’irai même
jusqu’à dire que cette histoire de film x marocain est une orchestration de
toutes pièces pour amuser la galerie, créer
la diversion sur des choses plus corsées qui se jouent en sourdine,
derrière des voiles opaques ». Je rétorque à mon ami chauffeur que sa
théorie de complot fait vielle. Il faut qu’il trouve mieux pour me convaincre.
Mais juste balancer une thèse aussi bancale sans fondements, sur un jeu
politiciens pour duper les Marocains, encore une fois, non, je veux plus
costaud et là, je peux dire Amen. «Tu ne vas tout de même pas me dire que c’est
normal. On confisque les libertés des gens. On émet des lois salées pour punir
les impénitents, on permet à des illuminés de lancer des fatwas, on encourage
les scissions sociales entre catégories humaines, on sacrifie des décennies de
combat pour la modernité et on nous sert cette ratatouille éculée sur la
tolérance à la Marocaine. Ailleurs, tout
le monde a compris que le Maroc est en train de virer de bord ». Là, mon
ami y va fort. C’est l’effet ramadan. Il a faim. Il a soif. Il ne sait plus ce
qu’il dit. Pardonnez-lui ses égarements ramadanesques. C’est humain. C’est même
chimique. Pardonnez-lui, il ne sait pas ce qu’il dit. Pourtant, cette saillie
mise de côté, il faut bien trouver une explication à ce que traverse ce pays
depuis des mois. A un moment ou un autre de notre histoire qui se profile, il
faut trancher. Quel Maroc et pour quels Marocains ? « Un Maroc
islamiste avec la charia comme fondement ? Qu’on nous le dise ! Un
Maroc modéré, qui respecte les différences des uns et de autres et qui vit dans
la sérénité ? Qu’on nous le dise aussi ! Un Maroc qui navigue à vue,
qui joue à des jeux troubles, un Maroc multi-céphale, ne sachant pas à quel
saint se vouer comme d’autres ratages arabes dans le voisinage, pourquoi
pas ? Mais qu’on nous le dise ! » Mon ami veut savoir à tout
prix à quoi s’en tenir. Il a peur. Je le sens. J’ai beau le rassurer que le
Maroc a toujours été un pays insaisissable, limite bizarre, face auquel on est
toujours surpris, même quand on croit
avoir pigé quelque chose, le taximan a les jetons. Il dit que son esprit n’est
pas tranquille, qu’il sent des choses venir, qu’il prie pour que tout ceci ne soit qu’une manière
comme une autre de passer le temps, gagner du temps, et que le statut quo
restera le credo final dans le plus beau pays du monde ! Amen
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